Je dois le prendre.

C’est avec le restant de cocktail que je sors de la cuisine; mon miroir de poche s’est mis à vibrer et ne sachant pas trop sur quoi je vais tomber, autant vous dire que je marche calmement, pas à pas, quelques traces de milkshake encore au niveau des mollets vers les premiers escaliers que je vois. Une pièce, une toilette, n’importe quoi. Juste plus personne; et finalement manque de temps, trop de personne dans le couloir à éviter, trop dans les escaliers, d’autre qui attende au toilette, y’a quelques cris, des baguettes, je l’ouvre sur le visage de Norine. Le centre, un peu plus important.

J’t’entend pas, No.

J’articule en allemand avant le visage de ma cousine qui fait des yeux ronds. J’crois qu’elle n’entend tout autant pas peu que moi; voir pire étant donné qu’elle doit être dans une pièce aussi calme à entendre des mouches voler. Est-elle chez les Netaniev, j’ai un doute. Elle me fais des signes, j’essaie de lire sur ces lèvres; elle a l’air trop paniqué pour que ça fonctionne, je ne vais guère assez vite pour le tempo.

Attends, j’te rappelle.

Encore faut-il trouver un endroit assez calme pour cela. Après tout la maison à l’air de vibrer dans les basses et je doute que de gauche à droite, il y est vraiment une pièce complètement insonorisée. À moins de le faire délibérément. Voilà, c’est cela qu’on fait. Alors il me faut juste une pièce vide, une porte à refermé et bingo. Déjà y’a une porte ouverte là-bas, chambre d’ami peut-être; on dirait qu’il n’y a rien de trop personnel alors que je passe la tête par l’encadrement au vu et au su de tous, après un regard par le cadrage de porte pour m’assurer qu’il n’y avait pas déjà des occupants, peu importe leurs activités. Y’a quelqu’un ? Petite bousculade, vraiment tout petit et le miroir me tombe des mains.  Il est allé ou ? Ou mais il roule, roule, roule.

Ça roule, roule, roule et quand ça finit par vriller, sans un bruit audible, j’aurais définitivement perdu mon miroir de poche. Oui, non, peut-être ? Difficile à dire alors que finalement ma vue se plonge autour dans la chambre pour noter que ça a beau être calme y’a masse de personne ici. Après, No doit pas avoir plus de chose à m’apprendre sur Bart que nous ne sachions déjà toutes les trois, moi, Rozé et elle – il est insupportable. Mais ici, même s’il y a une plaque réfléchissante sur le mur autant statuer sur le fait que y’a trop de personne pour écouter une conversation privée pour plaindre le plus jeune fils des Stein.  Que faire ? Sortir de la maison ou estimez que cela peut attendre ? Je salue, m’attardant sur la tête des présents. Quelques visages connus, un que je ne suis pas très certaine.

Quelqu’un aurait vu… ?

On me lance quelque chose. J’ai dû bouger parce que ça fait un crac sur le mur. Sans prévenir, autant que la dextérité en minimal. J’aurais dû voir l’éclat avec la lumière qui s’y réfléchi mais maintenant c’est surtout un gros éclats à rayon au sol qui éclaire un peu le plafond. Si c’était mon miroir, autant dire qu’il est pas dans un super état, et après m’être penché pour le récupérer, il manque au moins deux petits bouts, au sol ou derrière la commode devant laquelle je me tenais. On se met à chercher les pièces, en espérant qu’elle y soit toute pour … le réparer? Autant abdiquer à cet instant. Alors je le pose là, en me disant que je devrais peut-être juste trouver une poubelle. Je l’aimais bien, il entrait parfaitement dans ma poche et était super bien assorti avec … , ça parait sur mon visage. J’en ferais revenir un nouveau; mais pas ce soir.

Merzi, quand même.– Pour la forme, parce que y’a plus grand-chose à faire.

J’entends Eden qui parle de ces chaussures, j’en viens à me souvenir que les miennes se sont fait éclabousser. D’ailleurs, vous croyez que c’est un bon moment pour les retirer, pour les regarder ou juste parce que des escarpins ça fait mal au pied passé un stade et la descente des escaliers en mode rapide et le slalom ça n’a pas aidé à ma plante de pied. Ma résolution se perd dans une longue gorgée, d’une traite de mon verre rouge transparent. Rhum. Rhum. Rhum. Voilà, c’est vide! On pose sur le sol quelques instants. Et voilà, on s’assied comme une dame sur le fauteuil dans le coin, et on retire chaussures l’une après l’autre dans un geste gracieux avant de s’assurer de les poser à côté de moi. C’est que je n’ai nulle envie de m’en aller chez les Netaniev et ça plane un peu dans ma tête – alcool et questionnement. Un mauvais mélange, assurément. Eden qui fouille, mais il cherche quoi au juste ?

Faiz voir. Parce qu'il est de dos, et que j'ai manqué le début de l'histoire. J'aurais un mine d'incompréhension. Je croyais que Nott et James, habitait ici. Je ferme les yeux en mode Oulala - je veux probablement pas savoir cela. Mais qu'ezt-ze que tu faiz avec cela ?

Et on refocus sur moi, on oublie la distraction bienheureuse, parce que des questions planent dans ma tête et que plus j’y songe, plus je me dis que je suis probablement en train de faire exactement cela : me planquer et trouver des excuses. Je suis venue, alors je devrais pas à avoir à me soustraire des gens que j’ai envie de voir et qui me sont agréable. Si on me pose la question, j’aurais assurément une excuse, réelle, mais partiellement bidon. Alors je souris, amusée et déçu un peu d’avoir fui la cuisine pour un appel que je ne prendrai pas finalement. C’était stupide. J’en conviens. Et je reporte mon attention sur Eden qui a l'air finalement de ne pas être le propriétaire légitime du vêtement, tout en s'assurant la main mise sur bouteille ou joint par la suite. Et mon regard, lui, passe à la fumée qui s'élève. J'vais décidément essayer de ne pas m'attarder et rester un minimum poli pour pas avoir l'air de m'être trompé en rentrant ici. Un bon plan pour déjouer l'asphyxie sur le long terme. Y'a une fenêtre, peut-être ? De l'air frais qui pourra être disponible en urgence; à moins que je ne me reprenne et remonte tout simplement.