Minuit, l'heure de saluer la fin d'une année pour en entamer une nouvelle. L'heure des embrassades, des accolades et de biens d'autres mots qu'il partagera avec peu de personnes. Si ce n'est James, sa cousine un peu plus loin ou quelques âmes de passage autour de lui. Et ça lui va comme ça alors qu'il avance son verre vers certains visages pour leur souhaiter cette nouvelle année. On lui laissera un sourire chaleureux alors qu'il se déplace dans la pièce, qu'il n'aura pas vu ce chat rentrer en collision avec la fenêtre et qu'il aura mit presque autant de temps que tout le monde ici à se rendre compte que la joie se transforme en peur. Que les cris prennent la place des rires et que l'ambiance change doucement pour tomber dans le souvenir d'un vieux cauchemar que personne n'a jamais vécu ici. Il l'a eu, ce regard vers la porte, quand les masques seront rentrés dans le salon. Que la cohue aura commencée. Il l'aura eu ce regard, en posant son verre sur la table pour marcher vers un coin de la pièce, près d'un guéridon. Il l'aura eu, en enfonçant une main dans ses poches alors que le sourire sincère sur son visage aura disparu pour n'afficher qu'une réplique sans teint, un sourire en coin sous des yeux qui se sont éteint.

Noah et son -ses- visage si neutre qu'il ne laisse transparaître que trop peu ses pensées. Il aura eu un regard vers James qui se sera bien vite mit devant sa sœur. Un autre pour Oriana peut-être avant de le reporter au centre de la pièce pendant qu'un corps, qui donne l'impression de voir double, est lâché sans ménagement sur le sol. Ses fesses viennent se poser lentement sur le guéridon alors que la stupeur prend la foule, qu'il y aura sûrement quelques cris étouffés et ce cri là aussi. Celui qui vrille l'air quand la musique s'arrête. Une cigarette glisse du paquet dans sa poche à ses lèvres alors qu'il l'allume avec son briquet, la flamme orangée se reflétant sur ses traits quand ses yeux regardent la scène. Il inspire longuement, relâchant tout aussi lentement les volutes de fumée vers le plafond. Un geste si lent quand le corps d'Emily est projeté vers la fenêtre à l'opposé. Une nouvelle bouffée de nicotine qui vient emplir ses poumons à cet instant. Pendant que ça continue de bouger autour de lui, que des baguettes se lèvent, qu'un sort s'échappe. Puis un deuxième...

Ne cherchez pas de marques sur le visage de Noah alors qu'il attrape une petite bouteille à moitié vide. Qu'il fait quelques pas vers un guéridon un peu plus loin pour en déverrouiller le placard. Qu'il s'y penche pour en retirer deux verres, un grand et un petit, qu'il attrape aussi une bouteille de bière des mains de quelqu'un dont le visage ne s'imprimera pas sur sa rétine.

Assis, qu'elle dit. De la bière dans un verre, du soju dans l'autre et une manipulation qui fait teinter le verre et mousser l'alcool. On croirait presque qu'il va se mettre à bailler alors qu'il se retourne vers cette petite foule, ce petit cercle. Qu'il jette à peine un œil vers James plus loin, frappé de plein fouet et que sa sœur retient... A peine. Un instant avant de vider le verre et de la laisser cogner contre ce guéridon avant de faire quelques pas pour poser sa main sur le dernier des Potter dans la pièce. Il y mettra de la force en l'obligeant à reposer son cul sur son assise. Tant de force qu'on pourrait en voir ses jointures blanchir. Mais c'est pas important ça, quand il vient fendre le cercle de masques pour traverser la pièce. Comme étranger à un peu trop de chose alors qu'il vient se mettre à la hauteur d'Emily, une main dans la poche, l'autre tenant la cigarette avant qu'il se penche pour lui attraper le bras.

Dos aux autres, il aura un regard plus doux l'espace de quelques instant. Une fraction de secondes, encore, avant que son visage reprenne son masque et qu'il tire une chaise près de la jeune femme pour l'y asseoir également avec, sûrement, un peu moins de douceur que ce qu'on pourrait attendre. Un peu moins de sourire aussi quand il se décale de plusieurs pas sur le côté, sa cigarette aux lèvres quand il recule un peu, non loin de cette fenêtre que deux corps ont déjà rencontrés.

Assis, qu'elle a dit. Il y a un sourire là, quelque chose qui naît au coin de ses lèvres et qu'on identifie pas dans son regard un peu trop noir. Dans cette main disparue dans une poche et dans cet air nonchalant qui vient d'apparaître. Concerné sans l'être vraiment alors que se regard glisse sur les masques un à un, jusqu'à en accrocher un, un peu plus longtemps que les autres. Un instant encore, avant de reporter son attention sur celle qui a retiré sa capuche et dont tout le monde connaît le visage. Il s'étire le sourire, comme celui d'un chat, quelque chose qu'on ne connaît pas ou pas encore.       
         

Il en aurait presque pris du temps, Noah, pour préparer ce verre. Presque, ou un peu plus encore. Mais, que voulez-vous, la perfection demande un peu de patience et il est hors de question de servir un breuvage médiocre à la nouvelle invitée de la soirée. Invitée ? Pardon, la nouvelle hôtesse visiblement. Alors ceux qui trouvaient qu'il bougeait déjà beaucoup et trop librement, n'ont pas fini de le voir faire. Parce qu'il va y retourner, à ce guéridon, en ressortir un verre avant de retourner vers la table, un sourire énigmatique sur les lèvres pendant que les scènes se dessinent un peu plus loin. Et si il n'a aucune réaction, ni quand il approche de Maximilianna, ni quand Je-Ha se retrouve avec deux lames autour du cou, c'est sûrement normal après tout. C'est que tout va bien, n'est-ce pas ? Comme si tout était normal ou un peu trop à sa place alors qu'il verse le liquide dans le cristal. Oui, il a été sympa, il est allé jusque là. Le temps de finir sa cigarette, de remettre une main dans sa poche, d'enrouler ses doigts autour du verre pour se diriger vers la nouvelle reine de la soirée.

Ne cherchez pas autre chose dans ses yeux, dans son sourire quand il lui tend le verre, qu'il échange quelques regards avec elle. Et sûrement quelques mots aussi.

« Je t'ai fais attendre, navré. » Et il l'est tellement, désolé. Ou pas en soit, parce qu'avec ce sourire là, on ne pourrait y croire vraiment. Mais c'est ce qu'il est, Noah. C'est ce qu'il a toujours été. C'est ce qu'il montre tout le temps dés qu'il porte un costume taillé sur ses épaules. La seule différence, c'est qu'il ne le porte pas, là. Mais est-ce que ça change le reste. Est-ce que ça va changer ces iris clairs qui n'auront regardées que la personne qui tient cette boule magique ? Non. C'est qu'il y voit un intérêt, vous comprenez. De ceux qu'il taira même lorsqu'il pose ses yeux sur la silhouette derrière la petite blonde. Que son sourire s'étend et qu'il en aurait presque un rire. Un rire... Vraiment. C'est trop mignon.

Comment c'est, Meredith, de vivre caché sous un masque ? Pardon. Il ne peut pas s'en empêcher, parce qu'il ne décrira pas ce que ça fait plus loin, ni même ce qu'il voit plus loin. Lily à terre, Emily aussi, Oriana tout autant... C'est pas Noah qui se trouve là, c'est l'autre. Quelque chose qu'on voit rarement sous ce toit et qui semble s'amuser un peu trop de ça. Que voulez-vous, c'est une seconde nature. Comme celle de mentir, de manipuler et de négocier. C'est la conséquence aussi, d'avoir voulu en sauver. Ça le ferait presque rire, encore. Même si il va se détourner, juste après un signe de tête presque trop révérencieux pour l'emmerdeuse de la soirée.

Des conséquences, il y en aura là aussi, n'est-ce pas ? Mais tant que c'est pas le dommage collatéral sur ce canapé. Ça devrait aller. Alors on va observer, quelques secondes encore et continuer d'analyser. Et puis, un jour, peut-être, qu'on bougera ses dés.